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Le Syndicat unifié (SU), majoritaire, traite la Caisse d'épargne de «république bananière» et évoque «un mode électoral sur mesure, mieux qu'en Corse et qu'à Paris». Seule réponse de la direction (injoignable hier), elle a fait déposer par voie d'huissier une sommation pour cesser toute diffusion des tracts syndicaux. Et elle se contente de rappeler aux sociétaires mécontents qu'elle ne fait qu'appliquer le règlement. «Une règle concoctée dans le secret des cabinets et qui dévoie le principe coopératif», juge Jean-Jacques Dormoy, délégué SU au conseil de surveillance de la caisse d'Ile-de-France. Les syndicats hésitent à engager des recours en
justice devant la complexité du statut juridique des SLE (coopératives)
et des caisses régionales (sociétés anonymes).
Dysfonctionnements. A cela s'ajoute un aspect politique. Lors de
l'assemblée de Seine-Saint-Denis, «beaucoup d'élus étaient proches
du maire de Villemomble parmi les candidats. Or, c'est l'une des
seules communes du 93 à être dirigée par la droite», remarque
perfidement une sociétaire présente. La caisse d'Ile-de-France a en
effet la réputation d'être noyautée par le RPR. «La plupart des
membres actuels du conseil ont été parrainés par Jacques
Friedmann, ex-président de l'UAP et ami de Jacques Chirac»,
ajoute Jean-Jacques Dormoy. Parmi les candidats à des places
éligibles en Ile-de-France, on retrouve ainsi l'épouse de Jacques
Friedmann, des membres de la famille de Gaulle ou Antoine Veil (le
mari de Simone Veil). Cet aspect politique de l'affaire a même été
évoqué à l'Assemblée nationale. En réponse à une question d'un député
socialiste, Laurent Fabius a admis que des «dysfonctionnements» lui
avaient été signalés. Il a invité le président national de la caisse à
rappeler aux dirigeants régionaux qu'«il n'y a pas lieu de mêler
critères politiques et compétences». Cet appel ne semble pas avoir
été entendu. 2ème SÉANCE DU MARDI 30 MAI 2000 PRÉSIDENCE de M. Raymond FORNI ÉLECTION DES ADMINISTRATEURS DES CAISSES D'ÉPARGNE M. Jérôme Cahuzac (Député Socialiste) - En application de la loi portant réforme de la Caisse d'épargne, des élections doivent avoir lieu qui permettront de constituer les conseils d'administration. La seule condition posée, dans la loi, pour l'éligibilité au mandat d'administrateur, est d'être titulaire d'au moins une part sociale. Cependant, certains administrateurs provisoires semblent instituer d'autres critères dont on peut, au choix, considérer qu'ils sont peu clairs ou qu'ils le sont trop, puisqu'ils font dépendre l'éligibilité de motivations politiques ou partisanes. Des consignes auraient-elles été données en ce sens ? Et si tel n'a pas été le cas, que comptez-vous faire, Monsieur le ministre de l'économie, pour obtenir des intéressés qu'ils privilégient l'intérêt bien compris des sociétaires et des clients de la Caisse d'épargne, et celui-ci seulement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe RCV) M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie - Le Gouvernement est très attaché à voir s'appliquer les dispositions prévues dans la loi de juin 1999 qui réformait la Caisse d'épargne. Des dysfonctionnements m'ont été signalés, dans des lieux qui vous sont chers mais ailleurs également. La loi prévoit, en effet, un critère d'éligibilité au mandat d'administrateur, et un seul : il faut détenir une part sociale de la caisse que l'on souhaite administrer. La loi n'attribue par ailleurs aux administrateurs provisoires aucun pouvoir exorbitant du droit commun. Je sais que, déjà, le président Milhaud à été amené à écrire aux caisses d'épargne régionales après avoir appris que certains salariés éprouvaient des difficultés lorsqu'ils sollicitaient des autorisations d'absence pour aller voter. Puisque des difficultés d'un autre ordre apparaissent, j'inviterai M. Milhaud à adresser un nouveau courrier aux intéressés, dans lequel il leur rappellera qu'il n'y a pas lieu de mêler critères politiques et compétence. Ceux qui seraient d'un autre avis doivent le dire clairement (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe RCV). |